Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/108

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SCÈNE XVII.

même de la zone torride — est plus fertile que ce bois maudit. — Jamais la douce Cérès, jamais Vénus n’apparut ici. — Triptolème, le dieu des laboureurs, — n’a jamais semé sa graine dans cet affreux désert. — Les chiens de l’Achéron, mordus par la faim, — chassés des neuf cercles du Puryphlégéton, — ont laissé les traces de leurs pas sur ce terrain damné. — Les Furies au cœur de fer, hérissées de serpents, — ont déchaîné sur toutes ces plaines d’énormes hydres, — qui ont dévoré l’herbe, les plantes, les arbres, — et épuisé toutes les sources.

En entendant la voix d’Humber, Strumbo tressaille, remet ses provisions dans sa poche et essaie de se cacher.
HUMBER, continuant.

— Ô toi, le maître suprême du ciel étoilé, — qui gouvernes l’existence de toutes les créatures mortelles, — des profondeurs de la nue fugitive — fais pleuvoir des aliments, ou je vais m’évanouir et mourir ; — verse-moi à boire, ou je vais m’évanouir et mourir.

Apercevant Strumbo.

— Ô Jupiter, as-tu envoyé Mercure — sous cette forme paysannesque, pour m’apporter de la nourriture ? — À manger ! à manger ! à manger !

strumbo.

Hélas ! monsieur, vous vous méprenez ; je ne suis pas Mercure, je suis Strumbo.

humber.

— Donne-moi à manger, misérable, donne-moi à manger, — ou je vais broyer contre ce roc ta cervelle maudite, — et t’arracher les entrailles de mes mains sanglantes. — Donne-moi à manger, misérable, donne-moi à manger.

strumbo.

Par le salut de mon corps ! camarade, je te donnerais un bœuf entier plutôt que de me laisser traiter par toi de la