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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

Miséricorde ! avez-vous les oreilles si délicates ? — Sache-le, drôle, ceux-là sont levés quand je dors, — et je ne ferai pas chômer mon enclume pour toi !

cromwell.

— Voici de l’argent, mon père. Je vais payer vos hommes.

Il jette de l’argent aux ouvriers.
le vieux cromwell.

— T’ai-je donc élevé à mes frais — dans l’espoir qu’un jour tu soutiendrais ma vieillesse, — pour que tu gaspilles ton argent — en le jetant à ces fainéants-là !

cromwell.

— Patience, mon père ! calmez-vous. — Un temps viendra où je remuerai l’or comme la poussière, — (je parle ici avec une âme prophétique,) — et où je bâtirai, à la place où est cette chaumière, — un palais aussi beau que le château du roi Henry à Sheen.

le vieux cromwell.

— Vous, bâtir un château ! Vous, drôle ! vous serez un mendiant. — Maintenant, j’en jure devant Dieu, tout ce qui a été consacré — à ce mauvais sujet-là, est bien perdu. — Ah ! si je lui avais fait apprendre quelque honnête métier, — cela n’aurait pas été. Mais, ç’a été l’idée de sa mère — de l’envoyer à l’université. — Comment ! bâtir un château à la place où est ma chaumière ! — aussi beau que celui de Sheen ! — C’est fini. Il ne m’entendra plus dire : — Ce bon petit Tom ! Je te rends grâces, Tom ! — Bien dit, Tom ! Grand merci, Tom !… — À votre ouvrage, marauds ! Et toi, hors d’ici, petit insolent !

Tous sortent excepté le jeune Cromwell.
cromwell.

— Pourquoi ma naissance retiendrait-elle mon esprit dans son essor ? — Est-ce que toutes les créatures ne sont pas soumises à la nature, — à la nature qui trompe le monde