Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/267

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LE PRODIGUE DE LONDRES.

— et croyez que l’heure du repentir a sonné pour lui. — Hélas ! quel bénéfice, quel profit y a-t-il pour vous — à emprisonner celui qui n’a plus rien ? — Où il n’y a plus rien, le roi perd ses droits. — Oh ! ayez pitié de lui comme Dieu aura pitié de vous.

l’oncle flowerdale.

— Madame, je ne connais que trop bien son caractère. — Pour le corriger, il n’y a pas d’autre moyen — que de l’enchaîner à la misère.

luce.

Supposons qu’il ait payé ce qu’il vous doit ; il est libre alors !

l’oncle flowerdale.

— Oui, belle vierge, je n’ai plus rien à faire, dès qu’il s’est acquitté. — Mais cela lui est aussi impossible — que d’escalader les Pyramides. — Shériff, emmenez votre prisonnier. Adieu, madame.

luce.

— Oh ! ne partez pas encore, mon bon monsieur Flowerdale ; — acceptez, comme garantie de cette dette, ma parole, ma signature.

mathieu.

— Oui, au nom du ciel, mon oncle, et ma signature par-dessus le marché.

luce.

— Mon Dieu ! j’ai toujours payé ce que je devais, — et je puis travailler. Hélas ! il ne peut rien faire, lui ! — Moi, j’ai des amis qui, peut-être, auront pitié de moi ; — ses amis les plus proches, à lui, cherchent son malheur. — Tout ce que je pourrai mendier, gagner, recueillir, sera pour vous… — Oh ! ne vous détournez pas. Il me semble, en voyant ce visage si vénérable, — qu’un homme, ayant une telle expérience des vicissitudes de ce monde, — devrait avoir un peu de compassion pour la douleur d’une femme. — Au