Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
311
SCÈNE I.

homme, c’est vrai, mais vous pouvez encore tomber sur un homme aussi honnête, ou bien un homme aussi honnête peut encore tomber sur vous ; ce dernier tour est le plus heureux.

lady plus, s’agenouillant.

— Jamais ! oh ! si vous m’aimez, n’insistez pas. — Oh ! que je sois la risée du monde, — le sujet des propos de table — du dernier groom et du dernier valet, si jamais à l’avenir — j’écoute les propositions charnelles d’un homme !

moll, s’agenouillant.

— Il faut que je m’agenouille aussi… pour la forme.

frances.

— Et moi, qu’aucun homme n’a encore effleurée, — dans la profondeur d’une solennelle affliction, je jure — de ne jamais me marier, et de ne jamais risquer une perte aussi cruelle — que semble l’être celle d’un époux aimé.

moll.

— J’aimais bien mon père, moi aussi ; mais pour dire, — voire pour jurer que je ne me marierai pas à cause de sa mort, — certes je devrais parler un trop mauvais latin. — Autant vaudrait jurer que je n’irai jamais au lit. — Bah ! les femmes doivent se consacrer aux vivants, et non aux morts.

lady plus, tirant de son sein le portrait de son mari.

— Chère image de mon mari, oh ! que je t’embrasse ! — Comme ce portrait lui ressemble ! cette petite peinture — ravive mes larmes ; je sens mes chagrins se renouveler, — en la revoyant.

sir godfrey.

Sœur…

lady plus.

Laissez-moi ! — Avec lui, toute vertu s’est transformée en argile… — Oh ! mon doux mari ! oh !