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SCÈNE V.

george.

Oh ! non ! je vous en prie, laissez-les rester ; car ce que j’ai à dire leur importe autant qu’à vous.

lady plus, à ses filles.

En ce cas, vous pouvez rester.

george.

— Accordez-moi, je vous prie, une attention sérieuse. — Car ce que j’ai à vous dire est plein de gravité et de danger.

lady plus.

De danger !

george.

— Oui, si mes paroles passent inaperçues et restent sans effet. — Autrement, paix et bonheur !… Attention, je vous prie. — Veuve, je suis complètement étranger au pays que vous habitez ; je n’ai jamais connu votre mari, le père de ces jeunes filles, mais je sais pertinemment par certaines intelligences spirituelles qu’il est dans le purgatoire.

lady plus.

Dans le purgatoire ! Bah ! ce mot-là mérite qu’on crache dessus. Je m’étonne qu’un homme de sobre langage, comme vous semblez l’être, ait la folie de croire qu’il y a un lieu pareil.

george.

Eh bien, madame, je parle avec tout mon sang-froid, je vous assure qu’il y a un purgatoire ; et je sais que votre mari y réside, et qu’il y restera probablement jusqu’à la dissolution du monde, jusqu’au feu de joie suprême et universel, jusqu’au moment où la terre se sera fondue dans le néant et où les mers auront échaudé toute la gent à nageoires. Oui, il y demeurera jusqu’alors, à moins que vous ne changiez de détermination, vous et vos deux filles ; c’est-à-dire, à moins que vous et votre fille aînée, vous ne renonciez au célibat, et que votre fille cadette ne renonce à son projet de mariage prochain.