Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/76

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SCÈNE VI.

tu vu là ces fugitifs pusillanimes — reformant leurs bandes harassées ? — Quel était leur ordre de bataille ?

thrasimachus.

— Après avoir traversé les bois de Calédonie, — nous avons aperçu le camp de ces Scythes vagabonds ; — il était rempli d’hommes et regorgeait de munitions. — Nous pouvions voir de là leurs vaillants chevaliers — chevaucher à travers la vaste plaine : — Humber et Hubba, couverts d’une armure azurée, — montés sur des coursiers blancs comme la neige, — allaient contempler les riantes prairies en fleurs. — Hector et Troylus, les aimables fils de Priam, — chassant les Grecs au delà du Simoïs, — n’étaient pas à comparer à ces deux chevaliers.

albanact.

— Tu as fait avec éloquence le portrait d’Humber et de son fils ; — ils seront aussi fortunés que Polycrate, — s’ils échappent à nos épées victorieuses, — ou s’ils peuvent se vanter de ne pas devoir la vie à notre clémence.

Entrent Strumbo et Trompart.
strumbo et trompart, criant.

Au feu ! au feu !

thrasimachus.

— Eh bien, mes maîtres, que signifient ces clameurs, — ces cris jetés au milieu de notre auguste cour ?

strumbo.

Au feu ! au feu !

thrasimachus.

Ah çà ! drôles, direz-vous pourquoi vous criez ainsi ?

strumbo.

Au feu ! au feu !

thrasimachus.

Misérables, dites-moi pourquoi vous faites ce bruit, — ou avec ma lance, je vous fais jaillir les boyaux !