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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.


L’intrépide Hercule, ce miroir du monde,
Fils d’Alcmène et du grand Jupiter,
Après avoir remporté tant de victoires,
Après avoir exterminé tant de monstres,
Livra son cœur vaillant à Omphale,
Une femme craintive, dénuée de force virile.
Elle prit la massue, et porta la peau du lion.
Lui prit le rouet et fila comme une fillette.
Ainsi, le martial Locrine, exalté par la victoire,
Devient amoureux de la concubine d’Humber,
Et oublie ainsi l’incomparable Guendeline.
Son oncle Corinéius est furieux de ceci,
Et force Locrine à implorer sa grâce.
Voilà le résumé ; les développements suivent.

Elle sort.

SCÈNE XVI.
[La tente de Locrine.]
Entrent Locrine, Camber, Corinéius, Assarachus, Thrasimachus, et des soldats.
locrine.

— Ainsi, de la furie des mêlées de Bellone, — au bruit du tambour, aux accents de la trompette, — le roi breton revient triomphalement. — Les Scythes, tués dans ce grand carnage, — sont aussi nombreux que les brins d’herbe ; — ils ont rougi de leur sang les eaux des ruisseaux, — offrant leurs personnes — en sacrifice à l’âme d’Albanact. — Maintenant, maudit Humber, tu as payé ta dette : — tes perfidies, tes ruses, tes trahisons, — tous tes artifices, tous tes stratagèmes damnés, — sont expiés par la perte de ta vie et par une éternelle honte. — Où sont tes chevaux caparaçonnés d’or, — tes ardents coursiers retenus par le mors écumant ? — Où sont tes soldats forts et innombrables, — tes