Mme VABONTRAIN. Est-ce cela, monsieur ?
CAIUS. Oui ; mettez-la dans ma poche, dépêchez-vous ! Où est ce drôle de Barbet ?
Mme VABONTRAIN, appelant. Jean Barbet ! Jean !
BARBET. Me voilà, monsieur.
CAIUS. Jean Barbet, ou Gilles Barbet, prends la rapière, et suis-moi à la cour.
BARBET. Elle est là sous le vestibule.
CAIUS. Sur ma foi, je tarde trop. Que diantre allais-je oublier ? Il y a dans mon cabinet des simples qu’il faut absolument que j’emporte.
Mme VABONTRAIN. Mon Dieu ! il va trouver ce jeune homme ! Dans quelle fureur il va se mettre !
CAIUS, dans le cabinet. Ô diable ! diable ! qu’est-ce qu’il y a dans mon cabinet ? Un voleur, un larron ! (Faisant sortir Simple, qu’il tient par le collet.) Barbet, ma rapière !
Mme VABONTRAIN. Mon cher maître, contenez-vous.
CAIUS. Et pourquoi me contiendrais-je ?
Mme VABONTRAIN. Ce garçon est un honnête homme.
CAIUS. Que peut faire un honnête homme dans mon cabinet ? Je ne comprends pas qu’un honnête homme vienne dans mon cabinet.
Mme VABONTRAIN. Je vous en conjure, ne soyez pas si flegmatique ; je vais vous dire ce qu’il en est. Ce jeune homme venait me voir de la part du ministre Hugues.
SIMPLE. C’est vrai, monsieur ; j’étais chargé de…
Mme VABONTRAIN, à Simple. De grâce ! taisez-vous.
CAIUS, à Mme Vabontrain. Retenez votre langue. (À Simple.) Toi, continue.
SIMPLE. Je venais prier cette honnête dame, votre gouvernante, de vouloir bien parler à miss Anna en faveur de mon maître, qui la demande en mariage.
Mme VABONTRAIN. Voilà tout, monsieur ; mais à l’avenir je ne mettrai plus ma main au feu sans nécessité.
CAIUS. Sir Hugues t’envoie, dis-tu ? (À Barbet.) Barbet, baille-moi du papier. (À Simple.) Attends un instant.
Mme VABONTRAIN, bas, à Simple. Je suis charmée de lui voir prendre la chose si tranquillement ; s’il avait été en colère