Page:Shakespeare - Œuvres complètes, Laroche, 1842, vol 1.djvu/201

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à l’oiseau ; j’ai reçu d’elle une autre proposition de rendez-vous ; je suis attendu de huit à neuf heures.

FORD. Huit heures sont déjà sonnées, monsieur.

FAISTAFF. Vraiment ? il faut alors que je me prépare pour mon rendez-vous. Venez me voir à l’heure qu’il vous plaira, et je vous ferai savoir où j’en suis. Je veux, pour conclusion, que vous la possédiez : adieu. Vous la posséderez, monsieur Brook ; Ford portera des cornes de votre façon.

Il sort.

FORD. Oh ! oh ! est-ce une vision ? est-ce un rêve ? est-ce que je dors ? Éveille-toi, Ford, éveille-toi. Ford, il y a un trou dans ton meilleur pourpoint ; voilà ce que c’est que d’être marié ! voilà ce que c’est que d’avoir du linge et des paniers à lessive ! Fort bien, je ferai connaître à tout le monde ce que je suis. Je vais maintenant surprendre le scélérat ; il est chez moi ; il ne saurait échapper ; il ne peut se cacher dans une bourse de deux liards ni dans une poivrière ; mais, de peur que le diable qui le guide ne lui vienne en aide, je fouillerai jusqu’aux recoins les plus inabordables. Bien que je ne puisse éviter d’être ce que je suis, néanmoins cette certitude ne refroidira pas mon zèle ; si j’ai des cornes à rendre un homme furieux, je justifierai le proverbe : je serai furieux comme une bête à cornes.

Il sort.



ACTE QUATRIÈME

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Scène I.

Le devant de la maison de M. Page, dans la grande rue de Windsor.
Arrivent Mme PAGE, Mme VABONTRAIN et le petit WILLIAM PAGE.

Mme PAGE. Pensez-vous qu’il soit déjà chez monsieur Ford ?

Mme VABONTRAIN. Il y est sans doute maintenant, ou ne tardera pas à y être ; mais vous ne sauriez vous figurer dans quelle colère l’a mis son bain dans la Tamise. Madame Ford vous prie de vous rendre immédiatement chez elle.

Mme PAGE. Je vais y aller tout à l’heure ; mais il faut d’abord que je conduise mon enfant à l’école. Voilà justement son maître qui vient. Il paraît que c’est aujourd’hui congé.