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ACTE III, SCÈNE II.
PROSPÉRO.

Bien parlé. Assieds-toi donc et cause avec elle ; elle est à toi. Ariel, mon intelligent serviteur ! Ariel !


Entre ARIEL


ARIEL.

Que veut mon puissant maître ? me voici.

PROSPÉRO.

Toi et tes compagnons subalternes, vous avez dignement accompli votre dernière tâche. Je vais vous employer à un autre exploit de la même nature. Va, amène ici le peuple des esprits sur lesquels je t’ai donné pouvoir ; recommande-leur d’être alertes, car je désire offrir aux regards de ce jeune couple un échantillon de mon art ; je le leur ai promis et ils l’attendent.

ARIEL.

Sur-le-champ ?

PROSPÉRO.

Oui, dans un clin d’œil.

ARIEL.

Tu n’auras pas dit ; Viens et va.
Tu n’auras pas deux fois aspiré ton haleine,
Que chacun d’eux, bondissant dans la plaine.
Viendra te dire : Me voilà !

M’aimes-tu, maître ? non.

PROSPÉRO.

Tendrement, mon charmant Ariel ; ne reviens que lorsque je t’appellerai.

ARIEL.

Bien, je comprends.

Il sort.
PROSPÉRO, à Ferdinand.

Songe à tenir ta parole ; ne lâche pas trop les rênes au désir : les serments les plus forts ne sont que de la paille dans le brasier des sens. Sois plus sobre, sinon adieu ta promesse.

FERDINAND.

Je la tiendrai, seigneur. La neige virginale qui étend sur mon cœur sa nappe froide et blanche tempère l’ardeur de mon sang.

PROSPÉRO.

Bien. Maintenant, viens, mon Ariel ; amène-nous un renfort d’esprits ; que leur troupe soit au grand complet. Parais, et vivement. {À Ferdinand et à Miranda.) Point de langue, soyez tout yeux. Chut !


Une douce symphonie se fait entendre. La troupe des Esprits représente un drame allégorique.


Entre IRIS.


IRIS.

Bienfaisante Cérés, quitte un moment tes gerbes,
Et tes riches guérets et leurs moissons superbes,
Et la verte colline et ses troupeaux errants.