seigneur ? Il vous manque encore quelques-uns de vos gens que vous avez oubliés.
Que chacun s’évertue pour les autres, et que nul ne songe à lui-même ; car tout n’est qu’heur et malheur ici-bas. Coragio, monstre, coragio.
Si les observateurs que porte ma tête ne me trompent pas, voilà un agréable spectacle.
Ô Sétébos ! ce sont là, par ma foi, des esprits avenants. Comme mon maître est beau ! j’ai bien peur qu’il ne me châtie.
Ha ! ha ! quels sont ces objets, seigneur Antonio ? Sont-ils à vendre ?
Très-probablement ; l’un d’eux est un poisson qu’on peut sans doute acheter.
Seigneur, voyez-moi la mine qu’ont ces hommes, et dites-moi si ce sont d’honnêtes gens… Ce coquin mal bâti est fils d’une sorcière si puissante en son temps qu’elle commandait à la lune, faisait, comme elle, monter ou baisser les marées, et exerçait ses fonctions sans être revêtue de son pouvoir ; tous trois m’ont volé, et ce demi-diable (car c’est un démon bâtard) avait comploté avec les deux autres de m’arracher la vie ; vous devez reconnaître deux de ces gaillards pour être de vos gens ; je reconnais cet objet de ténèbre comme m’appartenant.
Je serai tenaillé jusqu’à ce que mort s’ensuive.
N’est-ce pas là Stéphano, mon ivrogne de sommelier ?
Il est ivre en ce moment même… Où diantre s’est-il procuré du vin ?
Trinculo aussi est dans les vignes du Seigneur.. Où ont-ils trouvé la liqueur merveilleuse qui les a ainsi colorés ? (À Trinculo.) Qui t’a mis dans ce bel état ?
Depuis que je vous ai vu, j’ai été mariné de la belle façon ; mes os s’en ressentiront longtemps ; ma chair ne craint plus les mouches à viande.
Et toi, Stéphano, qu’as-tu donc ?
Oh ! ne me touchez pas ; je ne suis pas Stéphano, mais une crampe.