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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/114

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alvolio ; si c’est un message de la
part du comte, je suis malade, ou je ne suis pas chez moi ; tout ce que
vous voudrez pour m’en débarrasser. (Malvolio sort.) (Au bouffon.)
Tu vois, l’ami, que ta folie devient surannée et qu’elle déplaît aux
gens.

LE BOUFFON.--Vous avez parlé pour nous, madame, comme si votre fils aîné
était un fou. Que Jupiter veuille remplir son crâne de cervelle ; car
voici un de vos parents qui a une pie-mère[23] des plus faibles.

[Note 23 : La pie-mère, membrane du cerveau, prise ici pour le cerveau
lui-même.]

(Entre sir Tobie Belch.)

OLIVIA.--Sur mon honneur, il est à demi-ivre.--Qui est-ce qui est à la
porte, cousin ?

SIR TOBIE.--Un gentilhomme.

OLIVIA.--Un gentilhomme ! quel gentilhomme ?

SIR TOBIE.--C’est un gentilhomme… La peste soit des harengs saurs ! Eh
bien ! sot ?

LE BOUFFON.--Bon ! Sir Tobie….

OLIVIA.--Mon oncle, mon oncle, comment se fait-il que vous ayez gagné de
si bonne heure cette léthargie ?

SIR TOBIE.--La luxure[24] ; je défie la luxure.--Il y a quelqu’un à la
porte.

[Note 24 : Équivoque entre lechery et lethargy.]

OLIVIA.--Oui, certes : qui est-ce ?

SIR TOBIE.--Qu’il soit le diable, s’il veut, je ne m’en embarrasse
guère. Oh ! vous pouvez m’en croire, comme je vous le dis : oui, cela
m’est égal. (Il sort.)

OLIVIA.--À quoi ressemble un homme ivre, fou ?

LE BOUFFON.--À un homme noyé, à un fou, et à un frénétique ; un verre de
plus après qu’il est en chaleur en fait un fou : le second le jette dans
la frénésie, et un troisième le noie.

OLIVIA.--Va chercher l’officier de paix, et qu’il veille sur mon cousin ;
car il en est au troisième degré de la boisson, il est noyé ; va, veille
sur lui.

LE BOUFFON.--Il n’est encore que fou, madame ; et le fou aura soin du
fou. (Le bouffon sort.)

(Malvolio r