Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/130

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MARIE.--Oui, un âne, je n’en doute pas

SIR ANDRÉ.--Oh ! cela sera admirable.

MARIE.--Un plaisir de roi, je vous en assure. Je sais que ma médecine
opérera sur lui. Je vous posterai tous deux en embuscade, et le fou fera
le troisième dans un lieu où il trouvera la lettre : observez bien comme
il l’interprétera. Pour ce soir, au lit ; et rêvons à l’événement. Adieu !

(Elle sort.)

SIR TOBIE.--Bonne nuit, Penthésilée[42].

[Note 42 : Nom d’une amazone.]

SIR ANDRÉ.--Par ma foi, c’est une brave fille.

SIR TOBIE.--C’est une excellente levrette, et de race pure, et une fille
qui m’adore. Qu’en dites-vous ?

SIR ANDRÉ.--J’ai été adoré aussi jadis, moi.

SIR TOBIE.--Allons-nous mettre au lit, chevalier.--Tu aurais besoin
d’envoyer demander plus d’argent.

SIR ANDRÉ.--Si je ne peux regagner votre nièce, je suis dans un mauvais
pas.

SIR TOBIE.--Envoie demander de l’argent, chevalier : si tu ne parviens
pas à la fin à l’avoir, dis que je suis un chien à la queue coupée[43].

[Note 43 : « Cut. Par les lois forestières, on coupait la queue aux
chiens des paysans et roturiers. » (STEEVENS.) Selon d’autres, il faut
traduire cut par cheval : « Dis que je suis un cheval. » ]

SIR ANDRÉ.--Si je ne le fais pas, ne faites jamais fond sur ma parole ;
prenez-le comme vous voudrez.

SIR TOBIE.--Allons, venez, je vais brûler un peu de rhum ; il est trop
tard pour aller se coucher maintenant ; allons, chevalier, venez.

(Ils sortent.)

SCÈNE IV
Appartement dans le palais du duc.

LE DUC, VIOLA, CURIO et autres.

LE DUC.--Faites-nous un peu de musique.--Ah ! bon