er cette farce, pour notre amusement et sa pénitence,
jusqu’à ce que, las de nous amuser, nous nous sentions disposés à avoir
pitié de lui. Alors, nous porterons ton plan au tribunal, et nous te
couronnerons en qualité de femme habile à trouver des fous. Mais voyez,
voyez.
(Entre sir André Ague-cheek.)
FABIAN.--Nouvelle matière à divertissement pour le matin du premier
mai[57].
[Note 57 : Jour consacré aux fêtes.]
SIR ANDRÉ.--Voici le cartel. Lisez-le. Je garantis, qu’il y a du poivre
et du vinaigre.
FABIAN.--Est-il bien insultant ?
SIR ANDRÉ.--S’il l’est ? Oh ! je vous en réponds ; lisez-le seulement.
SIR TOBIE.--Donnez-moi. (Sir Tobie lit.) « Jeune homme, qui que tu
sois, tu n’es qu’un vil drôle.
FABIAN.--Bien, courageux !
SIR TOBIE, lisant.-- « Ne t’étonne pas, et ne te demande pas dans tes
pensées pourquoi je te traite ainsi ; car je ne t’en donnerai aucune
raison.
FABIAN.--Bonne note ! qui vous met hors de la prise de la loi.
SIR TOBIE, lisant.-- « Tu viens chez la dame Olivia, et sous mes yeux
elle te traite avec bonté ! Mais tu mens par la gorge : ce n’est pas là la
raison pourquoi je te provoque en duel.
FABIAN.--Fort laconique, et d’une bêtise exquise.
SIR TOBIE, lisant.-- « Je te surprendrai en chemin, retournant chez
toi, et là, s’il t’arrive de me tuer….
FABIAN.--Fort bien !
SIR TOBIE, lisant.-- « Tu me tueras comme un lâche et un vaurien.
FABIAN.--Bon ! Vous vous mettez toujours au-dessus du vent de la loi.
SIR TOBIE, lisant.-- « Porte-toi bien ; et que Dieu fasse merci à l’une
de nos deux âmes ; il pourrait faire merci à la mienne ; mais j’espère
mieux que cela, et ainsi songe à toi. Ton ami, selon que tu le
traiteras, et ton ennemi juré. « ANDRÉ AGUE-CHEEK. »
Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/157
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