vous en allez pas, que je ne vous aie fait mes remerciements. Et, après le dîner, montrez-moi ce tableau. Je suis charmé de vous voir tous.
TIMON. — Vous êtes le bienvenu, seigneur.
APÉMANTUS. — Allons, allons, c’est cela ! Que les maladies contractent et dessèchent vos souples articulations ! Se peut-il qu’il y ait si peu d’amitié au milieu de ces doucereux coquins et de toute cette politesse ! La race de l’homme a dégénéré en singes et en babouins.
ALCIBIADE. — Seigneur, vous contentez mon ardent désir, je satisfais la faim que j’avais de vous voir.
TIMON. — Vous êtes le bienvenu, seigneur ! Avant de nous séparer, nous passerons ensemble un heureux temps en différents plaisirs.-Je vous en prie, entrons.
PREMIER SEIGNEUR. — Quelle heure est-il, Apémantus ?
APÉMANTUS. — L’heure d’être honnête.
PREMIER SEIGNEUR. — Il est toujours cette heure-là.
APÉMANTUS. — Tu n’en es que plus digne d’être maudit, toi qui la manques sans cesse.
SECOND SEIGNEUR. — Tu vas au festin de Timon ?
APÉMANTUS. — Oui, pour voir les viandes gorger des fripons et le vin échauffer des fous.
SECOND SEIGNEUR. — Adieu ! adieu !
APÉMANTUS. — Tu es fou de me dire deux fois adieu.
SECOND SEIGNEUR. — Pourquoi donc, Apémantus ?
APÉMANTUS. — — Tu aurais dû garder un de ces adieux pour toi, car je n’entends pas t’en rendre.
PREMIER SEIGNEUR. — Va te faire pendre.
APÉMANTUS. — Non, je n’en ferai rien. Adresse tes invitations à ton ami.
SECOND SEIGNEUR. — Va-t’en, chien hargneux, ou je te chasserai d’ici.
APÉMANTUS. — En véritable chien, je fuirai les ruades de l’âne.