importunez plus, attendez après le dîner ; donnez-moi le temps d’expliquer à sa Seigneurie pourquoi vous n’avez pas été payés.
TIMON. — Oui, mes amis, attendez. Ayez soin de les bien traiter.
FLAVIUS. — Écoutez-moi, je vous prie.
CAPHIS. — — Restez, restez, voici le fou qui vient avec Apémantus ; amusons-nous un moment avec eux.
LE SERVITEUR DE VARRON. — Qu’il aille se faire pendre ; il va nous injurier.
LE SERVITEUR D’ISIDORE. — Que la peste l’étouffe, le chien !
LE SERVITEUR DE VARRON. — Comment te portes-tu, fou ?
APÉMANTUS. — Parles-tu à ton ombre ?
LE SERVITEUR DE VARRON. — Ce n’est pas à toi que je parle.
APÉMANTUS. — Non, c’est à toi-même. (Au fou.) Allons-nous-en.
LE SERVITEUR D’ISIDORE, à celui de Varron. — Voilà le fou sur ton dos.
APÉMANTUS. — Non, tu es seul ; tu n’es pas encore sur lui.
CAPHIS. — Où est le fou maintenant ?
APÉMANTUS. — Il vient de le demander tout à l’heure. Pauvres misérables, valets d’usuriers, entremetteurs entre l’or et le besoin !
TOUS LES SERVITEURS. — Que sommes-nous, Apémantus ?
APÉMANTUS. — Des ânes.
TOUS. — Pourquoi ?
APÉMANTUS. — Parce que vous me demandez ce que vous êtes, et que vous ne vous connaissez pas vous-mêmes. Parle-leur, fou.
LE FOU. — Comment vous portez-vous, messieurs ?
TOUS. — Grand merci, bon fou ! Que fait ta maîtresse ?
LE FOU. — Elle met chauffer de l’eau pour échauder des poulets comme vous. Que ne pouvons-nous vous voir à Corinthe !