APÉMANTUS.—Bon, grand merci !
LE FOU.—Voyez, voici le page de ma maîtresse.
LE PAGE, au fou. — Eh bien ! capitaine, que faites-vous avec cette sage compagnie ? — Comment se porte Apémantus ?
APÉMANTUS.—Je voudrais avoir une verge dans ma bouche, pour te répondre d’une manière utile.
LE PAGE.—Je te prie, Apémantus, lis-moi l’adresse de ces lettres ; je n’y connais rien.
APÉMANTUS.—Tu ne sais pas lire ?
LE PAGE.—Non.
APÉMANTUS.—Nous ne perdrons donc pas un savant quand tu seras pendu. — Celle-ci est pour le seigneur Timon, l’autre pour Alcibiade. Va, tu es né bâtard et tu mourras proxénète.
LE PAGE.-Ta mère, en te donnant le jour, a fait un chien, et tu mourras de faim comme un chien. Point de réplique. Je m’en vais.
APÉMANTUS.—C’est nous rendre le plus grand service. — Fou, j’irai avec toi chez le seigneur Timon.
LE FOU.—Me laisseras-tu là ?
APÉMANTUS. Si Timon est chez lui. — Vous êtes là trois qui servez trois usuriers ?
TOUS.—Oui ; plût aux dieux qu’ils nous servissent !
APÉMANTUS.—Je le voudrais. — Je vous servirais comme le bourreau sert le voleur.
LE FOU.—Êtes-vous tous trois valets d’usuriers ?
TOUS.—Oui, fou.
LE FOU.—Je pense qu’il n’y a point d’usuriers qui n’aient un fou pour serviteur. Ma maîtresse est une usurière, et moi je suis son fou. Quand quelqu’un emprunte de l’argent à vos maîtres, il arrive tristement et s’en retourne gai. Mais on entre gaiement chez ma maîtresse, et on en sort tout triste. Dites-moi la raison de cela ?
LE SERVITEUR DE VARRON. Je puis vous en donner une.
LE FOU.—Parle donc afin que nous puissions te regar-