Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/400

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LYSANDRE. — Mon prince, je suis aussi bien né que lui ; aussi riche que lui, et mon amour est plus grand que le sien : mes avantages peuvent être égalés sur tous les points à ceux de Démétrius, s’ils n’ont pas même la supériorité ; et, ce qui est au-dessus de toutes ces vanteries, je suis aimé de la belle Hermia. Pourquoi donc ne poursuivrais-je pas mes droits ? Démétrius, je le lui soutiendrai en face, a fait l’amour à la fille de Nédar, à Hélène, et il a séduit son cœur ; elle, pauvre femme, adore passionnément, adore jusqu’à l’idolâtrie cet homme inconstant et coupable.

THÉSÉE. — Je dois convenir que ce bruit est venu jusqu’à moi, et que j’avais l’intention d’en parler à Démétrius ; mais surchargé de mes affaires personnelles, cette idée s’était échappée de mon esprit. — Mais venez, Démétrius ; et vous aussi, Égée, vous allez me suivre. J’ai quelques instructions particulières à vous donner. — Quant à vous, belle Hermia, voyez à faire un effort sur vous-même pour soumettre vos penchants à la volonté de votre père ; autrement, la loi d’Athènes, que nous ne pouvons adoucir par aucun moyen, vous oblige à choisir entre la mort et la consécration à une vie solitaire. — Venez, mon Hippolyte. Comment vous trouvez-vous, ma bien-aimée ? —Démétrius, et vous, Égée, suivez-nous. J’ai besoin de vous pour quelques affaires relatives à notre mariage ; et je veux conférer avec vous sur un sujet qui vous intéresse vous-mêmes personnellement.

ÉGÉE. — Nous vous suivons, prince, avec respect et plaisir.

(Thésée et Hippolyte sortent avec leur suite ; Démétrius et Égée les accompagnent.)

LYSANDRE. — Qu’avez-vous donc, ma chère ? Pourquoi cette pâleur sur vos joues ? quelle cause a donc si vite flétri les roses ?

HERMIA. — Apparemment le défaut de rosée, qu’il me serait aisé de leur prodiguer de mes yeux gonflés de larmes.

LYSANDRE. — Hélas ! j’en juge par tout ce que j’ai lu dans l’histoire, par tout ce que j’ai en