Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/406

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Cela était sublime ! —Allons, nommez les autres acteurs. — Ceci est le ton d’Hercule, le ton d’un tyran ; l’accent d’un amant est plus plaintif.

QUINCE. — François Flute, raccommodeur de soufflets.

FLUTE. — Ici, Pierre Quince.

QUINCE. — Il faut que vous vous chargiez du rôle de Thisbé.

FLUTE. — Qu’est-ce que c’est que Thisbé ? un chevalier errant ?

QUINCE. — C’est la beauté que Pyrame doit aimer.

FLUTE. — Non vraiment, ne me faites pas jouer le rôle d’une femme ; j’ai de la barbe qui me vient.

QUINCE. — Cela est égal ; vous le jouerez sous le masque, et vous pourrez faire la petite voix tant que vous voudrez[1].

BOTTOM. — Si je peux cacher mon visage sous le masque, laissez-moi jouer aussi le rôle de Thisbé ; vous verrez que je saurai extraordinairement bien faire la petite voix : Thisbé ! Thisbé ! —Ah ! Pyrame, mon cher amant ! ta chère Thisbé, ta chère bien-aimée !

QUINCE. — Non, non ; il faut que vous fassiez Pyrame, et vous, Flute, Thisbé.

BOTTOM. — Allons, continuez.

QUINCE. — Robin Starveling, le tailleur.

STARVELING. — Ici, Pierre Quince.

QUINCE. — Robin Starveling, vous jouerez le rôle de la mère de Thisbé. — Thomas Snout, le chaudronnier.

SNOUT. — Me voici, Pierre Quince.

QUINCE. — Vous, le rôle du père de Pyrame ; et moi, celui du père de Thisbé. — Snug, le menuisier, vous ferez le lion.—Et voilà, j’espère, une pièce bien distribuée.

SNUG. — Avez-vous là le rôle du lion par écrit ? Si vous l’avez, donnez-le-moi, je vous prie, car j’ai la mémoire lente.

QUINCE. — Oh ! vous pourrez le faire impromptu ; car il ne s’agit que de rugir.

  1. Du temps de Shakspeare, les hommes remplissaient encore les rôles de femme.