Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/425

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ouverte une fenêtre de la grande chambre où nous jouerons, et la lune pourra y briller par la fenêtre.

QUINCE. — Oui : ou un homme peut venir avec un fagot d’épines et une lanterne, et dire qu’il vient pour représenter ou figurer le personnage du clair de lune. — Mais il y a encore une autre difficulté. Il nous faut une muraille dans la grande chambre ; car Pyrame et Thisbé, dit l’histoire, se parlaient au travers de la fente d’un mur.

SNUG. — Vous ne pourrez jamais amener une muraille sur la scène. Qu’en dites-vous, Bottom ?

BOTTOM. — Le premier venu peut représenter une muraille : il n’a qu’à avoir quelque enduit de plâtre, ou d’argile, ou de crépi sur lui, pour figurer la muraille ; ou bien encore, qu’il tienne ses doigts ainsi ouverts ; et, à travers ces fentes, Pyrame et Thisbé pourront se parler tout bas.

QUINCE. — Si cela peut s’arranger, tout est en règle.—Allons, asseyez-vous tous, fils de vos mères, et récitez vos rôles. Vous, Pyrame, commencez ; et quand vous aurez débité vos discours, vous entrerez dans ce buisson, et ainsi des autres, chacun selon son rôle.

(Puck survient sans être vu.)

PUCK. — Quels sont ces rustiques personnages qui font ici les fanfarons, si près du lit de la reine des fées ? Quoi ! une pièce en jeu ? Je veux être de l’auditoire, et peut-être aussi y serai-je acteur, si j’en trouve l’occasion.

QUINCE. — Parlez, Pyrame.—Thisbé, avancez.

PYRAME. — « Thisbé, les fleurs exhalent de douces odieuses.

QUINCE. — Odeurs, odeurs.

PYRAME. — … Exhalent de douces odeurs : telle est celle de votre haleine, ma chère, très-chère Thisbé. — Mais, écoutez ; une voix ! —Restez ici un moment et dans l’instant je vais venir vous retrouver. » (Il sort.)

PUCK, à part. — Voilà le plus étrange Pyrame qui ait jamais joué ici. (Il sort.)

THISBÉ. — Est-ce à mon tour de parler ?