BOTTOM. — Je rends mille grâces à Vos Seigneuries, de tout mon cœur.—Je vous prie, quel est le nom de Votre Seigneurie ?
UNE FÉE. — Toile-d’Araignée.
BOTTOM. — Je serai charmé de lier avec vous une plus étroite connaissance. Cher monsieur Toile-d’Araignée, si je me coupe le doigt, j’aurai recours à vous. — (À une autre fée.) Votre nom, mon bon monsieur ?
SECONDE FÉE. — Fleur-des-Pois.
BOTTOM. — Je vous prie, recommandez-moi à madame Cosse, votre mère, et à M. Cosse, votre père. Cher monsieur Fleur-des-Pois, je veux que nous fassions plus ample connaissance. — (À une autre fée.) Votre nom, je vous en conjure, monsieur ?
TROISIÈME FÉE. — Graine-de-Moutarde.
BOTTOM. — Bon monsieur Graine-de-Moutarde, je connais à merveille votre rare patience, ce lâche géant Roastbeef a dévoré plusieurs membres de votre maison. Je vous promets que vos parents m’ont fait venir les larmes aux yeux plus d’une fois ; nous nous lierons ensemble, mon cher Graine-de-Moutarde.
TITANIA. — Allons, accompagnez-le : conduisez-le sous mon berceau. La lune paraît nous regarder d’un œil humide ; et lorsqu’elle pleure, les petites fleurs pleurent aussi et regrettent quelque virginité violée… Enchaînez la langue de mon bien-aimé : conduisez-le en silence. (Ils sortent.)
Scène II
Une autre partie du bois.
OBERON entre.
OBERON. — Je voudrais bien savoir si Titania s’est réveillée ; et puis,
quel a été le premier objet qui s’est présenté à sa vue, et dont il
faut qu’elle se passionne jusqu’à la fureur. (Entre Puck.) Voici
mon courrier. — Eh bien ! folâtre esprit, quelle fête nocturne a lieu
maintenant dans ce bois enchanté ?