Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/463

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Mais, arrêtons, ô horreur !
Mais, voyons : pauvre chevalier,
Quel affreux objet s’offre ici ?
Mes yeux, voyez-vous ?
Comment cela peut-il être ?
Ô ma petite poule, ô ma chère !
Ton beau manteau,
Quoi donc, est-il teint de sang ?
Approchez, cruelles furies ;
Ô destin : venez, venez,
Coupez fil et filasse :
Écrasez, détruisez, égorgez, et finissez tout !

THÉSÉE. — Cette fureur et la mort d’un tendre amant seraient capables de rendre un homme triste.

HIPPOLYTE. — J’en veux à mon cœur ; mais j’ai pitié de lui.

PYRAME. — « Ô nature ! pourquoi formas-tu des lions ? Puisque cet infâme lion a défloré ici ma chère maîtresse, qui est… non, non, qui était la plus belle personne qui ait vécu, qui ait aimé, qui ait caressé, qui ait regardé de ses beaux yeux. »

 Venez, larmes, confondez-vous,—
 À moi, mon épée, et blesse
 Le sein de Pyrame :
 Oui, le sein gauche
 Où palpite le cœur.
 Ainsi je meurs, je meurs, je meurs,
 Maintenant je suis mort,
 Maintenant je suis parti de ce monde ;
 Mon âme est dans les cieux.
 Langue, perds ta lumière ;
 Lune, prends la fuite ;
 Et maintenant, meurs, meurs, meurs.
 Meurs, meurs.

(Il meurt. Le Clair-de-Lune sort.)

DÉMÉTRIUS. — Plus de dé pour lui si ce n’est l’as, car il n’est plus qu’un[1].


LYSANDRE. — Il est moins qu’un as, ami, car il est mort ; il n’est rien.

  1. « Die', mourir, et die, équivoque. » FARMER.