Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/471

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Simonide : Écoutez, ma fille, les princes doivent imiter les dieux qui donnent généreusement à tous ceux qui viennent les honorer. Les princes qui s’y refusent ressemblent à des cousins qui bourdonnent avec bruit, et dont la petitesse étonne quand on les a tués. Ainsi donc, pour égayer sa rêverie, vidons cette coupe à sa santé.

Thaisa : Hélas ! mon père, il ne convient pas d’être si hardie avec un chevalier étranger. Il pourrait s’offenser de mes avances, car les hommes prennent les dons des femmes pour des preuves d’impudence.

Simonide : Quoi donc ! faites ce que je dis, ou vous me mettrez en courroux.

Thaisa, à part : J’atteste les dieux qu’il ne pouvait m’ordonner rien de plus agréable.

Simonide : Et ajoutez que nous désirons savoir d’où il est, son nom et son lignage.

Thaisa : Seigneur, le roi mon père a porté votre santé.

Périclès : Je le remercie.

Thaisa : En désirant que ce qu’il a bu fût autant de sang ajouté au vôtre.

Périclès : Je vous remercie, lui et vous, et vous réponds cordialement.

Thaisa : Mon père désire savoir de vous d’où vous êtes, votre nom et votre lignage.

Périclès : Je suis un chevalier de Tyr, mon nom est Périclès, mon éducation a été celle des arts et des armes : en courant le monde pour y chercher des aventures, j’ai perdu dans les flots mes vaisseaux et mes soldats, et c’est le naufrage qui m’a jeté sur cette côte.

Thaisa : Il vous rend grâces ; il s’appelle Périclès, chevalier de Tyr, qui en courant les aventures a perdu ses vaisseaux et ses soldats, et a été jeté sur cette côte par le naufrage.

Simonide : Maintenant, au nom des dieux, je plains son infortune et veux le distraire de sa mélancolie. Venez, chevalier, nous donnons trop de temps à de vains plaisirs quand d’autres fêtes nous attendent. Armé comme vous êtes, vous pouvez figurer dans une danse guerrière. Je n’admets point d’excuse ; ne dites pas que