Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le tumulte, que, si le roi Périclès ne revient pas dans douze mois, il se rendra alors à leurs voeux. » Cette nouvelle, apportée à Pentapolis, y a ravi toute la contrée ; chacun applaudit et s’écrie : Notre jeune prince naîtra roi. Qui eût rêvé, qui eût deviné une semblable chose ? Bref il faut qu’il parte pour Tyr. Son épouse, enceinte, désire partir. (Qui s’y opposerait ?) Nous abrégeons le récit des pleurs et des regrets. Elle prend avec elle Lychorida, sa nourrice, et s’embarque. Le vaisseau se balance sur le sein de Neptune : la quille de leur vaisseau a fendu la moitié des ondes ; mais nouveau caprice de la fortune : le nord envoie une telle tempête, que, semblable à un cygne qui plonge pour se sauver, le pauvre navire est la proie de sa furie. La dame pousse des cris, et se voit près d’accoucher d’effroi. Vous allez voir la suite de cet orage, dont je ne ferai pas le récit, ne pouvant pas espérer de m’en acquitter dignement. Représentez-vous par l’imagination le vaisseau sur lequel le prince, ballotté par les flots, est supposé parler.

(Gower sort.)


Scène I

Périclès sur un vaisseau en mer.

Périclès : Ô toi, dieu de ce vaste abîme, gourmande ces vagues qui lavent le ciel et la terre ; et toi, qui gouvernes les vents, enferme-les dans leur prison d’airain, après les avoir fait sortir de l’abîme ! Apaise ces tonnerres terribles et assourdissants ! Éteins doucement les agiles éclairs de soufre ! Ô Lychorida, comment se trouve ma reine ? Tempête, vomiras-tu sur nous tout ton venin ? Le sifflet du matelot est comme un faible murmure à l’oreille de la mort qui ne l’entend point. Lychorida, Lucina, ô divine patronne, et sage-femme, qui protège ceux qui gémissent dans la nuit, abaisse ta divinité sur