Scène II
Éphèse. Appartement dans la maison de Cérimon.
Entrent Cérimon avec un valet et quelques personnes qui ont fait naufrage.
Cérimon : Holà ! Philémon.
(Philémon entre.)
Philémon : Est-ce mon maître qui appelle ?
Cérimon : Allume du feu et prépare à manger pour ces pauvres gens. La tempête a été forte cette nuit ?
Le Valet : J’ai vu plus d’une tempête, et jamais une semblable à celle de cette nuit.
Cérimon : Votre maître sera mort avant votre retour : il n’est rien qui puisse le sauver. (À Philémon.) -Portez ceci à l’apothicaire, et vous me direz l’effet que le remède produira.
(Sortent Philémon, le valet et les naufragés.)
(Entrent deux Éphésiens.)
Premier Éphésien : Bonjour, seigneur Cérimon.
Second Éphésien : Bonjour à Votre Seigneurie.
Cérimon : Pourquoi, seigneurs, vous êtes-vous levés si matin ?
Premier Éphésien : Nos maisons, situées près de la mer, ont été ébranlées comme par un tremblement de terre : les plus fortes poutres semblaient près d’être brisées, et le toit de s’écrouler. C’est la surprise et la peur qui m’ont fait déserter le logis.
Second Éphésien : Voilà ce qui cause de si bon matin notre visite importune ; ce n’est point un motif d’économie domestique.
Cérimon : Oh ! vous parlez bien.
Premier Éphésien : Je m’étonne que Votre Seigneurie, ayant autour d’elle un si riche attirail, s’arrache de si bonne heure aux douces faveurs du repos. Il est étrange que la nature se livre à une peine à laquelle elle n’est pas forcée.