Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/202

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Mais après avoir exactement indique l’ordre cln-ontologique de la composition des drames historiques de Slnalcspezue, il Faut, pour en bien apprécier le caractère et Fencluaînement dramatique, les replacer comme nous le faisons dans tordre vrai des événements ; ainsi seulement on assiste au spectacle du génie de Sliakspearc déroulant et ranimant l’histoire de son pays.

En choisissant pour sujet d’une tragédie le règne de -Jean sans Terre, Shakspearc s’imposait la nécessite de ne pas respecter scru› piteusement l’histoire. Un règne où, dit llunie, <= l’Angleterre se vit déjouée et humiliée dans toutes ses entreprises, » ne pouvait être représenté dans toute sa vérité devant un public anglais et une cour anglaise ; et le seul souvenir du roi Jean auquel la nation doive attacher du prix, la grande Charte, n’était pas de ceux qui duvaient intéresser vivement une reine telle qu’lÉlisabctl1. Aussi la pierre de Shalispeare né présente-t-elle qu’un sommaire des derrières années de ce règne honteux ; et Vlrabilete du poete s’est employée Ir voiler' le caractère de son principal personnage sans le défigurer, il dissimuler la couleur des événements sans les dénaturer. Le seulfait sur lequel Sltaltspeare ait pris nettement la résolution de substituer l’invention 21 la vérité, ce sont les rapports de Jean avec la France ; il faut assurément toutes les illusions de la vanité nationale pour que Shakspeare ait pti présenter et pour que les Anglais aient supporté le spectacle de Philippe›Auguste succombant sous l’ascendant de Jean sans Terre. (Test tout au plus ainsi qrforr aurait pu l’elTrir ar Jean lui-même lorsqu’enfern1e în llouen, tandis que Philippe s’emparait de ses possessions en France, il disait tranquillement : É Laissez faire les F rauçais, je reprendrai en un jour ce qu’ils « mettent dès années it conquérir. » Tout ce qui, dans la pièce de Shàkspeare, est relatif in la guerre avec la France, semble avoir été inventé pour la justification de cette gasconnade du plus lâche et du plus insolent des princes.

Dans le reste du drame, l’action même et l’indif : ation des faits qu’il n’était pas possible de dissimuler, suffisent pour faire entrevoir ce caractère ou le poële n’a pasiose pénétrer, où il n’eût pu même pénétrer qu’avec dégoût ; mais ni un pareil personnage, ni cette manière gênée de le peindre d’etaient susceptibles d’un grand clfetdramatique ; aussi Sliakspeare a-t-il lait porter l’intéi-et de sa pièce sur le sort du jeune Arthur ; aussi a-t-il chargé Fanleonbridge de ce rôle original et brillant oùï Yon sent qu’il se complaît, et qu’il nese refuse guère dans aucun de ses ouvrages. s

Shalispeare a présenté le jeune duc de Bretagne à l’âge ou pour