Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/205

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sU1t LE nor Jean. 203

lpas en contradiction avec le vœu de soumission et de fidélité implicite auquel appartient son existence, et même sa conscience : il sera humain, généreux, il sera juste-aussi -souvent que ce vœu ne ini ordonnera pas Pinhumanité, injustice, la mauvaise foi ; il juge bien les choses auxquelles il se soumet, et n’est dans Ferreur que sur la nécessité de s’y soumettre ; il est habile autant que brave, et n’aliène point son jugement en renonçant à le suivre ; c’est une nature forte quéles circonstances et le besoin d’employer son activité en un sens quelconque ont réduite il une infériorité morale dont une disposition plus calme et des réflexions plus approfondies sur la véritable destination des hommes l’auraient vraisemblablement préservée. Mais, avec le tort de n’avoir pas cherché assez haut les objets de sa fidélité et de son dévouement, Faulconhridge a le mérite éminent d’un dévouement et d’une fidélité inébranlables, vertus singulièrement liautes, et par le sentiment dont elles émanent, et par les grandes actions dont elles peuvent être la source. Son langage est, comme sa conduite, le résultat d’un mélange de bon sens et d’ar(leur d’imagination qui enveloppe souvent la raison dans un fracas de paroles très-naturel aux hommes de la profession et du caractère de F aulconbridge ; sans cesse livres à Fébranlement des scènes et des actions les plus violentes, ils ne peuvent trouver dans le langage Orl dinaire de quoi rendre les impressions dont se compose Fhabitucle de leur vie. 4

' Le style général dé la pièce est moins ferme et d’une couleur moins prononcée que celui de plusieurs autres tragédies du même poete ; la contexture de l’ouvrage est aussi un peu vague et faible, ce qui tient au déiaut d’une idée unique qui ramène sans cesse toutes les parties a un même centre. La seule idée de ce genre qu’on puisse apercevoir dans le Roi Jean, ç'est la haine de la domination étrangère remportant sur la haine d’une usurpation tyrannique, Pour que cette idée fût saillante et occupàt constamment l’esprit du spectateur, il faudrait qu’elle se reproduisît partout, que tout contribuât Îl faire ressortir le malheur de la lutte entre ces deux sentiments ; mais ce plan, un peu vaste pour un ouvrage dramatique, devenait d’ailleurs inconciliable avec la réserve que s’imposait Shalispeare sur le caractère du roi : aussi une grande pzirtie de la pièce se passe-t-elle en discussions de peu d’intérêt, et dans le reste les événements ne sont pas assez bien amenés ; les lords changent trop légèrement de parti, -soit’d'abord à cause de la mort d’Arthtir, soit ensuite par un motif de crainte personnelle, qui ne présente pas sous un point de vue assez honorable leur retour ai la cause d’An/