Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/234

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230 LE ROI JEAN.

filles ; ce gentilhomme et la physionomie douce ; Pinterêt flatterrr enfin.-L’intérêt, ce penchant du monde, du monde qui est par lui-même sagement balancé, et fait pour rouler également sur un terrain toujours égal, si cet amour -du gain, ce vil penchant qui nous entraîne, ce mobile souverain, -lînteret, ne 1`avait privé d’équilibre, détourne de sa direction, de ses lois, de son cours et de sa fin.: c’est ce même penchant, cet intérêt, cet entremetteur, cet agent de prostitution, ce mot qui change tout, qui, venant frapper exterieurenient les yeux du volage roi de France, lui a fait retirer 1`aide qu’il avait premise, et abandonner une guerre honorable et décidée pour accepter la paix la plus lâche et la plus honteuse. —Et moi-même, pourquoi est-ce que j’injurie ici Panterêt ? Seulement parce qu’il ne n1'a point encore fait la cour, non qu’il fúten mon pouvoir de fermer le poing, si ses beaux angelots* venaient caresser ma main ; mais parce que ma main, qui 11, ã pas encore été tentée, senihlable a un pauvre mendiant, sien prend au riche, -oui, tant que je ne serai qu’un mendiant, je n’emperlerai en invectives, et je dirai : qu’il n*èst point de plus grand peche que d’être riche ; et lorsque je deviendrai riche alors toute ma vertu sera de dire : qu’il n’est point de plus grand vice que la pauvreté.- Puisque les rois violent leurs serments par intérêt, profit, sois mon Dieu, car c’est toi que je veux adorer !

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1 Pièces de monnaie.

FIN DU Deuxieme ACTE.