Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/242

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28 LE ROI JEAN.

temps avant, ce qu’il nous fallut seulement pour bien laver nos mains prêtes se serrer dans un royal traite de paix, le ciel sait comment elles avaient été teintes et souillées par le pinceau du carnage, et comment la vengeance y avait peint les effroyables discordes de deux rois irrités. Et ces mains si 1*ece1nn1ent’pnrifiees de sang, si nouvellement unies dans l’affection, si puissantes dans la haine et l’amitié, se relâcheroit de leur étreinte et de leurs mutuels signes d’attachement ! nous pourrions nous jouer ainsi de la foi, nous moquer du ciel, et faire de nous zi ce point des enfants inconstants, que, détachant nos mains Pune de l’autre, nous voulussions abjurer la foi jurée, conduire sur le lit nuptial de la paix souriante une armée ensanglantée, et élever le tumulte sur le front serein de la loyale sincérité ! 0 saint homme, mon révérend père, qu’il n’en soit pas ainsi ! Veuillez par votre grâce nous présenter, nous prescrire, nous imposer quelque condition supportable, et nous nous trouverons heureux de vous obéir et de rester amis. rANnoLrnn.-Toute forme est chiïorme, tout ordre est désordre, qui ne se montre point ennemi de Falliance de 1'Angleterre. Ainsi, aux armes ! soyez le champion de notre Église, ou que l’Église notre mère prononce sa malédiction, la malédiction d’une mère sur son fils rebelle. Roi de France, il y a moins de danger pour toi à. tenir un serpent par la langue, un lion 'enferme par sa griffe mortelle, un tigre ai jeun par les dents, qu’à garder en paix cette main que tu tiens.

Pniurrn.-Je puis bien retirer ma main, mais non pas ma foi.

rANooLrHn.-Ainsi tu fais de la foi l’ennemie de la foi, et, comme dans une guerre civile, tu elèves ton serment contre ton serment et ta parole contre ta parole. Oh ! que ton serment jure cl*abord au ciel, soit d’al)ord accompli envers le ciel : c’est-à-dire, sois champion de notre Église ! tout ce que tu as jure depuis, tu l’as jure contre toi-même, et toi-même ainsi ne peux Pacconiplirg car le mal que tu as promis de faire n’est point mal sîil est fait á bon droit ; et ne le pas faire lorsque le faire