Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/27

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- ' sors II, ,SCÈNE 11. . 25

Ma conscience me dit : Non ; prends garde ; honnête Lancelot ; prends garde, honnête Gobbo ; ou, comme je l’ai dit, honnête Lancelot Gobbo, ne t’enf*w¿s pas ; rejette la pensée de

te /ier à tes talons. Et la-dessus l’intrépide démon me

presse de faireimon paquet : Allons, dit le diable ; hors (Fiat, dit le diable ; par le ciel, arme-toi de courage, dit lè diable, et sauve-toi. Alors Ina conscience, se jetant dans les bras' de mon cœur, me dit fort prudemment : Mort honnête ami Lancelot, toi, le fils ol’un honnête homme, ou plutôt chene honnête femme ; car, au fait, mon père eut sur son compte quelque chose ; il sleleva à quelque chose ;-il’avait un certain arrière-gout.... Bien, ma conscience me dit :` LanceZot, 'ltd bouge pas ; oo-t’en, ditl1e diable file bouge pas, dit me conscience.¿-Et moi je dis : Ma conscience, votre conseil est bon ; je dis : Démon, votre conseil est bon. lln me laissant gouverner par ma conscience, je resterais avectle Juif mon maître, qui, Dieu me pardonne, est une espèce de diable ; et en fuyant de chez le-Juif, je me laisserais gouverner par le démon qui, sauf votre respect, est le diable en personne : sure-ment le Juif fest le diable même incarné ; et, en conscience, ma conscience n’est qu’u11e-manière de conscience brutale, de venir me conseiller de rester avec le Juif. Allons, c’est le diable qui me donne un conseil demi ; je me sauverai, demon : mes talons sont’à tes ordres ; je me sauverai.`

(Entre le vieux Çšobbo avec un palmier.) i\ Goneo.-Monsieur le jeune homme, vous-même, je vous prie : quel est le chemin de la maison de monsieur le Juif ?` I.

LANCELOT, it part.-0 ciel ! c’est mon pere1égitime ;~il zi la vue plus que li rouillée ; elle est tout à. fait déguerç pie), en sorte qu’il ne -me reconnaît pas. Je veu ; voir ce qui en sera., ' `,

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1 Mate min sana-bzma, high gmtez tune. sana-time désigne une

maladie de la vue, qui fait voir habituellement devant les yeux comme des grains de sable. Lancelot, dans son langage bouffon, pour exprimer que son père est presque aveugle, dit qu’il n’est