Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/7

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sun LE Mttnonsxn un VENISE.

Le discours de Portiaa Bassanio, au nionientou le sort vient de décider en sa l’aveur, et où elle se regarde déjà connue son heureuse épouse, est rempli jl’un abandon si piir, d’une soumission conjugale si touchante et si noble it la fois, que son caractère en acquiert un charme inenpriniable, et que Bassanio, prenant dès cet instant la situation supérieure qui lui convient, n’a plus it craindre d’être rahaissc par l’esprit et le courage de sa femme, quelque décidé que soit le parti qu’elle va prendre l’instant d’après ; onlsait maintenant que, le moment de la nécessité passe. tout rentrera dans l’ordre, et que les grandes qualités qu’elle saura soumettre a son devoir de femme ne leront qu ajouter au bonheur de son mari. Dans une classe subordonnée, Lorenzo et Jessica nous donnent le spectacle de ce teindre badinåge de deux jeunes époux si remplis de leur bonheur gu’ils le répandent sur les choses Îes plus étrangères à eux-mêmes et jouissent des pensées et des actions les plus indifférentes, comme d’autant de portions d’une existence que le bonheur envahit tout entière. Cet entretien de Lorenzo et de Jessica, ce jardin, ce clair de lune, cette musique qui pri-pare le retour de Portia, de Baseauio, et l : arrivée d’Auton’io, disposent l’ame à toutes les douces impressions que fera naître l’image d’une félicité com plete, dans F: réunion de Portia et de Bassanio au milieu de tous les amis qui vont jouir de leurs soins et de leurs bienfaits. Shakspeare est presque le seul poete dramatique qui n’ait pas craint de s’irriter sur le tableau du bonheur ; il sentait qu’il avait de quoi le remplir. ljiuiention des trois col’l’rrs, dontforiginal se trouve aussi en plusieurs endroits, existe, a peu près telle que FJ employée Slnikspeare, dans une autre aventure des Gesta Rontcmortnn, si ce n’est que la personne soumise il l’épreuve est la fille d’un roi de la Pouille qui, par la sagesscide 'son choix, est jugée digue d’épouser le fils de Fémpeyeur de Roinefüu voit par laque ces Gesta Romanorum ne remontent pas précisément aux temps antiques.

, Le caractère du juil' Sliylocll est justement célèbre en Angleterre. Cette pièce a été représentée avant 1598. C’est ce qu’on sait de plus certain sur sa date. Plusieurs pièces sur le même sujet avaient déjà été mises au théâtre ; il avait été aussi lefond de plusieurs ballades. En 1704, M. Grandville, depuis lord Lansdowne, remit au théâtre le Marchand de Venise, avec des changements considérables, sous le titre du Juif de Venise. On l’a joué longtemps sous cette nouvelle forme.-

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