Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/131

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ainsi qu’elle a crû, n’en doutez pas, comme le gazon d’été, dont les progrès sont plus rapides la nuit, quoique invisibles.

Cantorbéry. — Il faut bien que cela soit ; car les miracles ont cessé, et nous sommes obligés de croire aux moyens qui amènent les choses à la perfection.

Ely. — Mais, mon bon lord, quel moyen de mitiger ce bill que sollicitent les communes ? Sa Majesté penche-t-elle pour ou contre ?

Cantorbéry. — Le roi paraît indifférent, ou plutôt il semble incliner beaucoup plus de notre côté, que favoriser le parti qui le propose contre nous ; car j’ai fait une offre à Sa Majesté, au sujet de la convocation de notre assemblée ecclésiastique, et par rapport aux objets dont on s’occupe actuellement, qui concernent la France, de lui donner une somme plus forte que n’en a jamais accordé le clergé à aucun de ses prédécesseurs.

Ely. — Et de quel air a-t-il paru recevoir cette offre ?

Cantorbéry. — Le roi l’a favorablement accueillie ; mais le temps a manqué pour entendre (comme je me suis aperçu que Sa Majesté l’aurait désiré) la filiation claire et suivie de ses titres divers et légitimes à certains duchés, et généralement à la couronne et au trône de France, en remontant à Édouard, son bisaïeul.

Ely. — Et quelle cause a donc interrompu cette discussion ?

Cantorbéry. — A cet instant même, l’ambassadeur de France a demandé audience ; et l’heure où on doit l’entendre est, je pense, arrivée. Est-il quatre heures ?

Ely. — Oui.

Cantorbéry. — Entrons donc pour connaître le sujet de son ambassade, que je pourrais, je crois, par une conjecture certaine, déclarer avant même que le Français ait ouvert la bouche.

Ely. — Je veux vous suivre, et je suis impatient de l’entendre. (Ils sortent.)