Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rait celle d’un insigne poltron, comme il est vrai que son soulier noir a foulé la terre de Dieu, sur mon âme et conscience.

Le roi. — Cela étant, tiens ton serment, soldat, quand tu rencontreras ce drôle-là.

Williams. — Aussi ferai-je, sire, comme il est vrai que je vis.

Le roi. — Sous qui sers-tu ?

Williams. — Sous le capitaine Gower, sire.

Fluellen. — Gower est un bon capitaine, et qui a son bon savoir et une bonne littérature dans la guerre.

Le roi. — Va le chercher, soldat, et me l’amène.

Williams. — J’y vais, sire.

(Williams sort.)

Le roi. — Tiens, Fluellen, porte cette faveur pour moi, et mets-la à ton chapeau. Tandis qu’Alençon et moi nous étions par terre, j’ai arraché ce gant de son casque. Si quelqu’un le réclame, il faut que ce soit un ami d’Alençon, et notre ennemi par conséquent : ainsi, si tu le rencontres, arrête-le si tu m’aimes.

Fluellen. — Votre Grâce me fait un aussi grand honneur que puisse en désirer le cœur de ses sujets. Je voudrais, de toute mon âme, trouver l’homme planté sur deux jambes qui se trouvera offensé à la vue de ce gant : voilà tout ; mais je voudrais bien le voir une fois. Dieu veuille, de sa grâce, que je le voie !

Le roi. — Connais-tu Gower ?

Fluellen. — C’est mon cher ami, sous le bon plaisir de Votre Majesté.

Le roi. — Je t’en prie, va donc le chercher, et amène-le à ma tente.

Fluellen. — Je pars.

Le roi. — Lord Warwick, et vous, mon frère Glocester, suivez de près Fluellen : le gant que je lui ai donné comme une faveur pourrait bien lui attirer un affront. C’est le gant d’un soldat que je devrais, d’après la convention, porter moi-même. Suivez-le, cousin Warwick. Si le soldat le frappait, comme je présume à son maintien brutal qu’il tiendra sa parole, il pourrait en arriver