Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nière ; ajoutez huit mille quatre cents, tant chevaliers, écuyers et autres guerriers distingués, dont il y en a cinq cents qui n’ont été faits chevaliers que d’hier ; en sorte que, dans les dix mille hommes qu’ils ont perdus, il n’y a que six cents mercenaires : le reste sont tous princes, barons, seigneurs, chevaliers, écuyers et gentilshommes de naissance et de qualité. Les noms de leurs nobles qui ont été tués : Charles d’Albret, grand connétable de France ; Jacques Châtillon, amiral de France ; le grand maître des arbalétriers ; le seigneur Rambure ; le brave Guichard Dauphin, grand maître de France ; Jean, duc d’Alençon ; Antoine, duc de Brabant, frère du duc de Bourgogne ; Edouard, duc de Bar ; parmi les hauts comtes : Grandpré, Roussi, Fauconberg et de Foix, Beaumont, Merle, Vaudemont et Lestrelles. Voilà une société de morts illustres. — Où est la liste des morts anglais ? (Le héraut lui présente un autre papier.) Edouard, duc d’York ; le comte de Suffolk ; sir Richard Kelty ; David Gam, écuyer, point d’autre de marque ; et des soldats, vingt-cinq en tout. O Dieu du ciel ! ton bras s’est signalé ici ; et c’est à toi seul, et non pas à nous, que nous devons rendre tout l’honneur de cette journée ! Quand jamais a-t-on vu, dans la mêlée d’une bataille rangée, et sans ruse ni stratagème, une si grande perte d’un côté, une si légère de l’autre ? Prends-en tout l’honneur, grand Dieu, car il t’appartient tout entier.

Exeter. — Cela est miraculeux !

Le roi. — Allons, marchons en procession au village prochain, et proclamons dans notre armée la défense, sous peine de mort, de se vanter de cette victoire, et d’en enlever à Dieu l’hommage ; il n’appartient qu’à lui seul.

Fluellen. — Ne peut-on pas sans crime, s’il plaît à Votre Majesté, dire le nombre des morts ?

Le roi. — Oui, capitaine ; mais avec l’aveu que Dieu a combattu pour nous.

Fluellen. — Oui, sur ma conscience, il nous a fait grand bien.

Le roi. — Remplissons tous les devoirs religieux. Qu’on