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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 4.djvu/248

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et je souhaiterais, bien plus pour elle que pour moi, que la fortune m’eût mis plus en état de la soulager ; mais je ne suis qu’un berger, aux gages d’un autre homme, et je ne tonds pas pour moi les moutons que je fais paître : mon maître est d’un naturel avare, et s’embarrasse fort peu de s’ouvrir le chemin du ciel par des actes d’hospitalité. D’ailleurs, sa cabane, ses troupeaux et ses pâturages sont en vente, et son absence fait qu’il n’y a maintenant, dans notre bergerie, rien que vous puissiez manger : mais venez voir ce qu’il y a ; et si ma voix y peut quelque chose, vous serez certainement bien reçus.

ROSALINDE.—Quel est celui qui doit acheter son troupeau et ses pâturages ?

CORIN.—Ce jeune homme que vous avez vu ici il n’y a qu’un moment, et qui se soucie peu d’acheter quoi que ce soit.

ROSALINDE.—Si cela pouvait se faire sans blesser l’honnêteté, je te prierais d’acheter la cabane, les pâturages et le troupeau, et nous te donnerions de quoi payer le tout pour nous.

CÉLIE.—Et nous augmenterions tes gages. J’aime ces lieux, et j’y passerais volontiers ma vie.

CORIN.—Le tout est certainement à vendre : venez avec moi : si, sur ce qu’on vous en dira, le terrain, le revenu et ce genre de vie vous plaisent, j’achèterai aussitôt le tout avec votre or, et je serai votre fidèle berger.

(Ils sortent.)


Scène V

AMIENS, JACQUES et autres paraissent.

AMIENS.

Toi qui chéris les verts ombrages,
Viens avec moi respirer en ces lieux ;
Viens avec moi mêler tes chants joyeux