Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 4.djvu/341

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LÉONTES.—Comment cela se pouvait-il ? Ou l’âge a renforcé votre ignorance, ou vous êtes né stupide. Ne sommes-nous pas autorisés dans notre conduite par la fuite de Camillo, jointe à leur familiarité, qui était palpable autant que peut être une chose qui n’a plus besoin que d’être vue pour être prouvée, tant les circonstances étaient évidentes ? Rien ne manquait à l’évidence, que d’avoir vu la chose. Cependant, pour une plus forte confirmation (car, dans une affaire de cette importance, la précipitation serait lamentable), j’ai envoyé en hâte à la ville sacrée de Delphes, au temple d’Apollon, Dion et Cléomène, dont vous connaissez le mérite plus que suffisant. Ainsi c’est l’oracle qui me dictera la marche à suivre, et ce conseil spirituel, une fois obtenu, m’arrêtera ou me poussera en avant. Ai-je bien fait ?

LE SEIGNEUR.—Très-bien, seigneur.

LÉONTES.—Quoique je sois convaincu et que je n’aie pas besoin d’en savoir plus que je n’en sais, cependant l’oracle servira à tranquilliser les esprits des autres, et ceux dont l’ignorante crédulité se refuse à voir la vérité. Ainsi nous avons trouvé convenable qu’elle fût séparée de notre personne et emprisonnée, de peur qu’elle ne soit chargée d’accomplir la trahison tramée par les deux complices qui ont pris la fuite. Allons, suivez-nous ; nous devons parler au peuple ; car cette affaire va nous mettre tous en mouvement.

ANTIGONE, à part.—Pour finir par en rire, à ce que je présume, si la bonne vérité était connue.

(Ils sortent.)


Scène II

L’extérieur d’une prison.

Entre PAULINE et sa suite.

PAULINE.—Le geôlier ! Qu’on l’appelle. (Un serviteur sort.) Faites-lui savoir qui je suis.—Vertueuse reine ! Il n’est point en Europe de cour assez brillante pour toi ; que fais-tu dans cette prison ? (Le serviteur revient avec le geôlier.) (Au