plus dévoués à vos intérêts ; —je viens, vous dis-je, de la part de votre vertueuse reine.
LÉONTES.—Vertueuse reine !
PAULINE.—Vertueuse reine, seigneur ; vertueuse reine ; je dis vertueuse reine ; et je soutiendrais sa vertu dans un combat singulier, si j’étais un homme, fussé-je le dernier de ceux qui vous entourent.
LÉONTES.—Forcez-la de sortir de ma présence.
PAULINE.—Que celui qui n’attache aucun prix à ses yeux mette le premier la main sur moi : je sortirai de ma propre volonté ; mais auparavant je remplirai mon message.—La vertueuse reine, car elle est vertueuse, vous a mis au monde une fille ; la voilà : elle la recommande à votre bénédiction.
LÉONTES.—Loin de moi, méchante sorcière[1] ! Emmenez-la d’ici, hors des portes.—Une infâme entremetteuse !
PAULINE.—Non, seigneur ; je suis aussi ignorante dans ce métier que vous me connaissez mal, seigneur, en me donnant ce nom. Je suis aussi honnête que vous êtes fou ; et c’est l’être assez, je le garantis, pour passer pour honnête femme, comme va le monde.
LÉONTES.—Traîtres ! ne la chasserez-vous pas ? Donnez-lui cette bâtarde. (A Antigone.) Toi, radoteur, qui te laisses conduire par le nez, coq battu par ta poule[2], ramasse cette bâtarde, prends-la, te dis-je, et rends-la à ta commère.
PAULINE.—Que tes mains soient à jamais déshonorées, si tu relèves la princesse sur cette outrageante et fausse dénomination qu’il lui a donnée.
LÉONTES, à Antigone.—Il a peur de sa femme !
PAULINE.—Je voudrais que vous en fissiez autant : alors il n’y aurait pas de doute que vous n’appelassiez vos enfants vos enfants.
LÉONTES.—Un nid de traîtres !
ANTIGONE.—Je ne suis point un traître, par le jour qui nous éclaire.