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ACTE III, SCÈNE II.

hamlet. — Ma foi ! c’est l’embûche de la méchanceté ; cela veut dire : crime.

ophélia. — Sans doute cette pantomime indique le sujet de la pièce.

(Le Prologue entre.)

hamlet. — Nous allons le savoir de ce garçon-là. Les comédiens ne peuvent garder un secret, ils nous diront tout.

ophélia. — Nous dira-t-il ce que signifiait cette pantomime ?

hamlet. — Oui, et toute autre pantomime que vous voudrez lui mimer. N’ayez pas honte, vous, de faire le spectacle, et lui, il n’aura pas honte de vous faire le commentaire.

ophélia. — Vous êtes un vaurien, vous êtes un vaurien. Je veux écouter la pièce.

le prologue. —

Pour nous et pour notre tragédie, nous agenouillant ici devant votre clémence, nous implorons de vous audience et patience [1].

hamlet. — Est-ce là un prologue, ou la devise d’une bague ?

ophélia. — C’est bref, mon seigneur.

hamlet. — Comme l’amour d’une femme.

(Un roi et une reine entrent.)

le roi de la comédie. —

Trente fois le chariot de Phébus a fait le tour entier du bassin salé de Neptune et du sol arrondi de Tellus, et trente fois douze lunes, de leur splendeur empruntée, ont marqué autour du monde douze fois trente étapes du temps, depuis que l’amour a uni nos cœurs, et l’hymen nos mains, par la réciprocité des liens les plus sacrés.

    diverses farces et d’une danse qui avait reçu le même nom. Mais l’humeur puritaine ayant maudit et proscrit tous ces divertissements, une complainte fut faite sur le pauvre dada mis à mal, et Hamlet la rappelle, opposant l’oubli où était tombée cette innocente victime des sectaires, à l’éternelle mémoire que s’assurait un fondateur d’église, dont le nom avait place dans les prières publiques à la fête du patron.

  1. L’idée première de cette scène n’est pas de Shakspeare. Avant