second sénateur, au peuple.—Cessez ces clameurs : point d’outrage. Silence. C’est un brave guerrier, et sa renommée couvre toute la terre. Ses dernières fautes envers nous seront soumises à un jugement impartial. Aufidius, arrête, et ne trouble point la paix.
coriolan.—Oh ! si je le tenais lui, avec six autres Aufidius, et même avec toute sa race, pour me faire justice avec mon épée !
aufidius.—Lâche insolent !
tous les conjurés.—Tuez-le, tuez-le.
les sénateurs.—Arrêtez, arrêtez, arrêtez.
aufidius.—Mes nobles maîtres, daignez m’entendre.
premier sénateur.—Ô Tullus !
second sénateur.—Tu as fait une action qui fera pleurer la Valeur.
troisième sénateur.—Ne foulez point ainsi son corps : contenez vos fureurs ; remettez vos épées.
aufidius.—Seigneurs, quand vous saurez (dans ce moment de fureur qu’il a provoquée, il m’est impossible de vous l’apprendre), quand vous saurez l’extrême danger où vous exposait la vie de cet homme, vous vous réjouirez de le voir ainsi mis à mort. Daignez me mander à l’assemblée du sénat ; je vous prouverai mon fidèle et loyal dévouement, ou je me soumets à votre jugement le plus rigoureux.
premier sénateur.—Emportez son corps, et pleurez sur lui. Qu’il soit regardé comme le plus illustre mort que jamais héraut ait conduit à son tombeau !
second sénateur.—Son propre emportement absout à moitié Aufidius du blâme qu’il pourrait mériter. Faisons servir cet événement à notre plus grand avantage.
aufidius.—Ma fureur est passée, et je me sens pénétré de douleur. Enlevez-le. Aidez-nous, trois des principaux guerriers : je serai le quatrième. Que le tambour fasse entendre un son lugubre. Traînez vos piques renversées : oublions que cette ville renferme une foule de