Seigneur, que voulez-vous dire ? Pourquoi les affliger ainsi ? Voyez, ils pleurent, et moi, imbécile, mes yeux se remplissent aussi de larmes, comme s’ils étaient frottés avec un ognon. Par grâce, ne nous transformez pas en femmes.
Ah ! arrêtez ! arrêtez, que la sorcière m’enlève si telle est mon intention ! Que le bonheur croisse sur le sol qu’arrosent ces larmes ! Mes dignes amis, vous prêtez à mes paroles un sens trop sinistre ; je ne vous parlais ainsi que pour vous consoler, et je vous priais de brûler cette nuit avec des torches. Sachez, mes amis, que j’ai bon espoir de la journée de demain, et je veux vous conduire où je crois trouver la victoire et la vie, plutôt que l’honneur et la mort. Allons souper ; venez, et noyons dans le vin toutes les réflexions.
Scène III
Bonsoir, camarade ; c’est demain, le grand jour.
Il décidera tout. Bonsoir. N’as-tu rien entendu d’étrange dans les rues ?
Rien. Quelles nouvelles ?
Il y a apparence que ce n’est qu’un bruit ; bonne nuit.
Camarade, bonne nuit.
- (Entrent deux autres soldats.)
Soldats, faites bonne garde.
Et vous aussi ; bonsoir, bonsoir.
Nous, ici. (Ils prennent leur poste.) Et si demain notre flotte à l’avantage, je suis bien certain que nos troupes de terre ne lâcheront pas pied.
C’est une brave armée et pleine de résolution.