Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/249

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de vous ; mais il est bon cavalier, et la force de son amour, aussi aiguë que son éperon, lui a fait atteindre sa maison avant nous. Belle et noble dame, nous serons votre hôte pour cette nuit.

LADY MACBETH. — Vos serviteurs ne se regarderont jamais eux-mêmes, les leurs et tout ce qu’ils possèdent, que comme des biens reçus en dépôt pour en rendre compte, selon le bon plaisir de Votre Majesté, toutes les fois qu’elle voudra réclamer ce qui lui appartient.

DUNCAN. — Donnez-moi votre main, conduisez-moi vers mon hôte ; nous l’aimons grandement, et continuerons de répandre sur lui nos bienfaits.—Avec la permission de notre hôtesse.

(Ils sortent.)


Scène VII

Toujours à Inverness.—Un appartement dans le château de Macbeth. Des hautbois, des flambeaux.

Un maître d’hôtel et plusieurs domestiques portant des plats et faisant le service entrent et passent sur le théâtre. Entre ensuite MACBETH.

MACBETH. — Si lorsque ce sera fait c’était fini, le plus tôt fait serait le mieux. Si l’assassinat tranchait à la fois toutes les conséquences, et que sa fin nous donnât le succès, ce seul coup, qui peut être tout et la fin de tout, au moins ici-bas, sur ce rivage, sur ce rocher du temps, nous hasarderions la vie à venir.—Mais en pareil cas, nous subissons toujours cet arrêt, que les sanglantes leçons enseignées par nous tournent, une fois apprises, à la ruine de leur inventeur. La Justice, à la main toujours égale, offre à nos propres lèvres le calice empoisonné que nous avons composé nous-mêmes.—Il est ici sous la foi d’une double sauvegarde. D’abord je suis son parent et son sujet, deux puissants motifs contre cette action ; ensuite je suis son hôte, et devrais fermer la porte à son meurtrier, loin de saisir moi-même le couteau. D’ailleurs ce Duncan a porté si doucement ses honneurs, il a rempli si justement ses grands devoirs, que