compagnie à table, faire la douceur de votre couche, et vous adresser quelquefois la parole ? N’occupé-je donc que les avenues de votre affection ? Ah ! si je n’ai rien de plus, Porcia est la concubine[1] de Brutus, et non pas sa femme.
brutus. — Vous êtes ma femme fidèle et honorée, aussi précieuse pour moi que les gouttes rougeâtres qui arrivent à mon triste cœur.
porcia. — Si cela était vrai, je saurais déjà ce secret. Je suis une femme, j’en conviens, mais une femme que le grand Brutus a prise pour épouse. Je suis une femme, j’en conviens, mais une femme de bon renom, la fille de Caton. Pensez-vous que je ne sois pas plus forte que mon sexe, fille d’un tel père et femme d’un tel époux ? Dites-moi ce que vous méditez, je ne le révélerai point. J’ai voulu fortement éprouver ma constance ; je me suis fait une blessure ici à la cuisse : capable de soutenir ceci avec patience, pourrais-je ne pas l’être de porter les secrets de mon mari ?
brutus. — Ô vous, dieux, rendez-moi digne de cette noble épouse. (On frappe derrière le théatre.) Écoutez, écoutez, on frappe. — Porcia, rentre un moment, et bientôt ton sein va partager tous les secrets de mon cœur ; je te développerai tous mes engagements et tout ce qui est écrit sur mon triste front[2]. Retire-toi promptement. (Porcia sort.) — Lucius, qui est-ce qui frappe ?
lucius.-Il y a là un homme malade qui voudrait vous entretenir.
brutus. — C’est Caïus Ligarius, dont Métellus nous a parlé. Lucius, éloigne-toi. — Caïus Ligarius, comment êtes-vous ?
licarius. — Recevez le bonjour que vous adresse une voix bien faible.