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JULES CÉSAR.

brutus. — Oh ! quel temps avez-vous choisi, brave Caïus, pour garder votre bonnet de nuit ? Que je voudrais que vous ne fussiez pas malade !

ligarius. — Je ne suis plus malade, si Brutus a en main quelque exploit digne d’être marqué du nom de l’honneur.

brutus. — J’aurais en main un exploit de ce genre, Ligarius, si pour l’entendre vous aviez l’oreille de la santé.

ligarius. — Par tous les dieux devant qui se prosternent les Romains, je chasse loin de moi mon infirmité. Âme de Rome, fruit généreux des reins d’un père respecté, comme un exorciste tu as conjuré l’esprit de maladie. Ordonne-moi d’aller en avant, et mes efforts tenteront des choses impossibles ; que dis-je ! ils en viendront à bout. — Que faut-il faire ?

brutus. — Une œuvre par laquelle des hommes malades retrouveront la santé.

ligarius. — Mais n’est-il pas quelques hommes en santé que nous devons rendre malades ?

brutus. — C’est aussi ce qu’il faudra. Ce que c’est, cher Caius, je te l’expliquerai en nous rendant ensemble au lieu où la chose doit se faire.

ligarius. — Que votre pied m’indique la route, et d’un cœur animé d’une flamme nouvelle, je vous suivrai sans savoir à quelle entreprise : il suffit que Brutus me guide.

brutus. — Suis-moi donc.

(Ils sortent.)

SCÈNE III

Toujours à Rome. — Une pièce du palais de César. — Tonnerre et éclairs.
Entre CÉSAR en robe de chambre.

césar. — Ni le ciel ni la terre n’ont été en paix cette nuit. Trois fois Calphurnia dans son sommeil s’est écriée : « Au secours ! oh ! ils assassinent César ! » — Y a-t-il là quelqu’un ?

(Entre un serviteur.)