Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/170

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— ce n’est pas la folie qui possède Hamlet. — Ô ma mère, si vous avez jamais aimé mon père chéri, — renoncez pour cette nuit au lit adultère ; — triomphez de vous-même petit à petit, — et un jour viendra peut-être où vous n’aurez pour lui que du dégoût. — Alors, mère, aidez-moi à me venger de cet homme, — et votre infamie mourra par sa mort.
LA REINE.

Hamlet, je le jure par cette majesté — qui connaît nos pensées et voit dans nos cœurs, — je cacherai, j’accepterai, j’exécuterai de mon mieux — le stratagème, quel qu’il soit, que tu imagineras.

HAMLET.

Cela suffit. Ma mère, bonne nuit. — Allons, monsieur, je vais vous pourvoir d’un tombeau, — vous qui, vivant, étiez un drôle, si niais et si bavard.

Hamlet sort entraînant le cadavre.

SCÈNE XII.
[La salle d’État dans le château.]
Entrent le Roi, la Reine et les Seigneurs.
LE ROI.

Eh bien ! Gertrude, que dit notre fils ? comment l’avez-vous trouvé ?

LA REINE.

Hélas ! Monseigneur, furieux comme la mer. — Dès qu’il est venu, j’ai commencé par lui parler nettement, — mais alors il m’a renversée et m’a secouée — comme s’il oubliait que j’étais sa mère. — À la fin, j’ai appelé au secours : à mon appel Corambis — a crié. À peine Hamlet l’a-t-il entendu qu’il a fait siffler — son épée en