Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/367

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la ; par le ciel, je l’aurai ! — Dieu ! quel nom blessé, Horatio, — si les choses restent ainsi inconnues, vivra après moi ! — Si jamais tu m’as porté dans ton cœur, — absente-toi quelque temps encore de la félicité céleste, — et exhale ton souffle pénible dans ce monde rigoureux, — pour raconter mon histoire.
Marche militaire au loin ; bruit de mousqueterie derrière le théâtre.

Quel est ce bruit martial ?

OSRIC.

— C’est le jeune Fortinbras qui arrive vainqueur de Pologne, — et qui salue les ambassadeurs d’Angleterre — de cette salve guerrière.

HAMLET.

Oh ! je meurs, Horatio ; — le poison puissant triomphe de mon souffle : — je ne pourrai vivre assez pour savoir les nouvelles d’Angleterre ; — mais je prédis que l’élection s’abattra — sur Fortinbras ; il a ma voix mourante ; — raconte-lui, avec plus ou moins de détails, — ce qui a provoqué… Le reste… c’est… silence.

Il meurt.
HORATIO.

— Voici un noble cœur qui se brise. Bonne nuit, doux prince ; — que des essaims d’anges te bercent de leurs chants ! — Pourquoi ce bruit de tambours ici ?

Marche militaire derrière la scène.
Entrent Fortinbras, les Ambassadeurs d’Angleterre et autres.
FORTINBRAS.

— Où est ce spectacle ?

HORATIO.

Qu’est-ce que vous voulez voir ? — Si c’est un malheur ou un prodige, ne cherchez pas plus loin.

FORTINBRAS.

— Cette curée crie : Carnage !… Ô fière mort ! — quel