Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/201

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nous y hissa, — pour jeter nos cris à la mer qui rugissait sur nous et nos soupirs — aux vents dont les soupirs de pitié ne nous renvoyaient — qu’une funeste plainte.
MIRANDA.

Hélas ! quel tourment — je fus alors pour vous !

PROSPERO.

Oh ! tu fus le chérubin — qui me sauva ! Tu souriais, — inspirée d’une fortitude céleste, — quand, couvrant la mer de mes larmes salées, — je gémissais sous mon fardeau. Et ton sourire me rendit — l’énergique patience de supporter — tout ce qui pouvait advenir.

MIRANDA.

Comment arrivâmes-nous au rivage ?

PROSPERO.

— Grâce à la Providence divine ! — Nous avions quelques vivres et un peu d’eau fraîche — qu’un noble Napolitain, Gonzalo, — ému de charité, (c’était celui qui était chargé — d’exécuter le projet,) nous avait donnés ; ainsi que — de riches vêtements, du linge, des étoffes, des objets nécessaires, — qui, depuis, nous ont bien servi. Par générosité encore, — sachant combien j’aimais mes livres, il me fournit, — de ma propre bibliothèque, des volumes que — je prise plus que mon duché.

MIRANDA.

Puissé-je — un jour voir cet homme !

PROSPERO.

Maintenant, je me lève ; — toi, reste assise, et écoute la fin de notre détresse maritime. — C’est ici, dans cette île, que nous arrivâmes. Ici, — moi, ton maître d’école, je t’ai donné de plus profitables leçons — que n’en peuvent recevoir d’autres princesses, ayant plus de temps — à donner à des frivolités et de moins vigilants précepteurs.

MIRANDA.

— Que le ciel vous en remercie ! Et maintenant, de