Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

GONZALO.

Le ciel le préserve de ces bêtes féroces ! — Car, pour sûr, il est dans l’île.

ALONSO.

Marche !

ARIEL, à part.

— Prospero, mon maître, saura ce que j’ai fait. — Allons ! roi, va, sain et sauf, à la recherche de ton fils.

Ils sortent.

SCÈNE IV.
[Une autre partie de l’île.]
Bruit de tonnerre.
Entre Caliban avec une charge de bois.
CALIBAN.

— Que tous les miasmes que le soleil aspire — des fondrières, des marais, des bas-fonds, tombent sur Prospero et fassent de lui — une plaie épaisse d’un pouce !… Ses esprits m’écoutent, — et pourtant il faut que je le maudisse. Eux ne voudraient pas me pincer, — m’effrayer de leurs mines de hérissons, me plonger dans la mare, — ni m’égarer par des feux follets dans les ténèbres, — sans que Prospero le leur ordonnât ; mais, — pour la moindre vétille, il les lance sur moi, — tantôt sous forme de singes qui me font la grimace en grinçant — et me mordent ensuite, tantôt sous forme de porcs-épics — se roulant sur la route où je vais pieds nus, et dressant — leurs pointes sous mes pas. D’autres fois, je suis — tout étreint par des serpents qui, avec leurs langues fourchues, — me sifflent à me rendre fou… Tenez ! justement ! Là !