Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/264

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Entrent plusieurs nymphes.

Vous, faucheurs brûlés du soleil et fatigués d’août,
Venez ici de vos sillons et soyez gais.
Que ce soit pour vous jour de fête. Mettez vos chapeaux de paille,
Et ces fraîches nymphes iront à votre rencontre
Dans un pas champêtre.

Entrent plusieurs moissonneurs en costume complet ; ils se joignent aux nymphes dans une danse gracieuse, vers la fin de laquelle Prospero tressaille tout à coup et dit quelques mots. Sur quoi, tous disparaissent tristement dans un bruit étrange, à la fois sourd et confus.
PROSPERO, à part.

— J’avais oublié cette horrible conspiration — de la brute Caliban et de ses complices — contre ma vie. Le moment de leur complot — est presque arrivé.

Aux esprits.

C’est bien. Retirez-vous. Assez !

FERDINAND, à Miranda.

— C’est étrange. Votre père a quelque émotion — qui le travaille fortement.

MIRANDA.

Jamais, jusqu’à ce jour, — je ne l’avais vu agité par une aussi violente colère.

PROSPERO.

— Mon fils, vous avez l’air ému, — comme si vous étiez alarmé… Rassurez-vous, seigneur. — Nos divertissements sont finis. Nos acteurs, — je vous en ai prévenu, étaient tous des esprits ; ils — se sont fondus en air, en air subtil. — Un jour, de même que l’édifice sans base de cette vision, — les tours coiffées de nuées, les magnifiques palais, — les temples solennels, ce globe immense lui-même, — et tout ce qu’il contient, se dis-