Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/268

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TRINCULO, apercevant la défroque pendue à la corde.

Ô roi Stephano ! ô preux ! ô digne Stephano ! regarde, quelle magnifique garde-robe voici pour toi !

CALIBAN.

— Laisse tout cela, imbécile ! ce n’est que du clinquant ! —

TRINCULO.

Oh ! oh ! monstre ! nous nous connaissons en friperie… Ô roi Stephano !

STEPHANO.

Lâche cette robe, Trinculo ; par ce poing, j’aurai cette robe.

TRINCULO.

Ta majesté l’aura.

CALIBAN.

— Que l’hydropisie noie cet imbécile !… Qu’avez-vous — à vous extasier ainsi devant une pareille défroque ? Marchons ! en avant ! — et faisons le meurtre d’abord… S’il s’éveille, — il couvrira nos peaux de morsures, des pieds au crâne, — et il fera de nous une étrange étoffe. —

STEPHANO.

Taisez-vous, monstre… Madame la corde, je prends à votre ligne ce pourpoint… Voici le pourpoint qui descend la ligne… Ô pourpoint, tu vas perdre ton poil et devenir un pourpoint chauve.

TRINCULO.

Prenez, prenez ; n’en déplaise à votre grâce, c’est un vol fait à la corde et au cordeau.

STEPHANO.

Merci de ce bon mot : voici un vêtement pour ça ; l’esprit ne restera jamais sans récompense tant que je serai roi de ce pays… Un vol fait à la corde et au cordeau !… C’est une pointe excellente : voici encore un vêtement pour ça.