Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/133

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parler. — Des augures, des révélations intelligibles ont, — par la voix des pies, des corbeaux et des corneilles, dénoncé — l’homme de sang le mieux caché… Où en est la nuit ?
LADY MACBETH.

— À l’heure encore indécise de sa lutte avec le matin.

MACBETH.

— Que dis-tu de Macduff qui refuse de se rendre en personne — à notre solennelle invitation ?

LADY MACBETH.

Lui avez-vous envoyé quelqu’un, sire ?

MACBETH.

— Non, j’en suis prévenu indirectement ; mais j’enverrai. — Il n’y a pas un d’eux chez qui — je ne tienne un homme à mes gages. J’irai demain, — de bonne heure, trouver les sœurs fatidiques. — Il faut qu’elles parlent encore ; car je suis maintenant décidé — à savoir le pire, fut-ce par les pires moyens : devant mes intérêts — tout doit céder. J’ai marché — si loin dans le sang que, si je ne traverse pas le gué, — j’aurai autant de peine à retourner qu’à avancer. — J’ai dans la tête d’étranges choses qui réclament ma main, — et veulent être exécutées avant d’être méditées.

LADY MACBETH.

— Vous avez besoin du cordial de toute créature, le sommeil.

MACBETH.

— Viens, nous allons dormir. Mon étrange oubli de moi-même — est une timidité novice qui veut être aguerrie par l’épreuve. — Nous sommes encore jeunes dans l’action.

Ils sortent.